Vacances de Printemps, nous y sommes...

Les vacances de printemps ont commencé pour les enfants, la veille du week-end de Pâques qui dure quatre jours (Vendredi-Samedi-Dimanche-Lundi).

Pour les anglais, ce week-end clôture la fin de leurs vacances. Les petits anglais reprennent le chemin de l'école ce mardi matin. Pour une fois, on est décalé. Ce n'est pas forcément un avantage puisque toutes les activités proposées aux enfants pendant les vacances, sportives ou culturelles, se terminent aussi. Et d'un autre côté, comme nous avons des vacances communes avec des français de France et bien, ce sera des files d'attente assurées quelle que soit notre sortie dans Londres. C'est bien connu, les touristes français envahissent Londres à chaque période de vacances et les français expatriés partent en France ou ailleurs...

A moi de ruser et d'user d'imagination pour trouver des idées intéressantes, motivantes, attrayantes, sans foule, pour sortir deux enfants déjà grands mais pas encore autonomes pour s'occuper seuls (hors canapé-TV-Wii).

Je crois que si je veux me mettre en mode plaintive, je dirais qu'à presque 10 ans et presque 12 ans, ils cumulent inconvénients de la pré-adolescence (" Encore le parc?" "Ah non pas un musée!" " Pas trop envie de marcher...On va où?" "Je suis fatiguéééééééé(eeeeeeeee) !" et inconvénients de l'enfance "C'est déjà 7h20, ça fait une heure que je lis dans mon lit, c'est largement l'heure du petit dej!" (Oui, je sais, ils peuvent se débrouiller seuls mais bien souvent je me lève encore plus tôt qu'eux donc...)

Vacances: nos journées débutent vers 7 heures et c'est partiiii!

Ici, en Angleterre, il est strictement interdit de laisser un enfant seul avant 16 ans...Et même que les voisins dénoncent...C'est arrivé à une famille française qui n'a pas retrouvé ses enfants de 8 et 12 ans laissés seuls deux heures. Les parents ont dû les récupérer au commissariat avec une bonne leçon de morale! Les mères françaises sont inconscientes aux yeux des mères anglaises, c'est bien connu. Dans un parc, la mère anglaise attend son enfant en bas du toboggan pour lui tendre les bras, même s'il a 10 ans, les mères françaises sont assises sur un banc loin de leurs enfants même s'ils ont moins de 2 ans...A côté de ça, il est normal de voir un enfant circuler seul en métro mais c'est un scandale s'il reste seul chez lui...Allez comprendre! De mon côté, je n'essaie pas. Je reste disciplinée sur ma terre d'accueil. Lorina circule dans Londres seule en métro mais je fais toujours appel à une babysitter si je dois m'absenter en journée...

Donc pendant cette période de vacances, pas question pour moi de me défiler devant mes responsabilités:" Matinée Wii les enfants, moi je pars prendre l'air et pensez à manger vers midi" -Même pas en rêve!-

Pour demain, je vise l'expo de Van Gogh, Les sunflowers, à la National Gallery. Je me dis que le touriste de base ne vient pas à Londres pour voir deux tournesols réunis...Mais comment vais-je leur annoncer cette intention?

Je vais leur préparer une chasse au trésor, avec des énigmes, ils adorent ça et au bout, la récompense sera un bon pour aller voir les Tournesols de Van Gogh!(avec goûter offert).

La question est: Serait-ce considéré comme de la maltraitance d'imposer Van Gogh à ses enfants quand ils n'ont rien demandé?

Le plus terrible est que rien qu'en écrivant ça, je culpabilise presque. Lorina a fini ce trimestre, un peu trop blanche et un peu trop cernée. La sixième, ça use nos enfants. Si un jour, je reprenais dans l'enseignement, je n'aurais plus le même regard sur les nouveaux collégiens. Ce n'est pas la charge de travail qui pèse le plus mais tout ce qu'il y a à côté: les adaptations diverses et variées, les pics des émotions liés à l'âge, les exigences des professeurs, les transports, le rythme en général...Bref, je peux comprendre qu'elle ait envie de faire une pause, une vraie (sur le canapé).

Du côté de Mathis c'est plutôt le rythme de devoirs qui l'épuise et comme il m'a dit hier "Pour moi, les vraies vacances, c'est quand on n'entend plus parler de devoirs!" -Promis, je n'en parlerai pas jusqu'au milieu de la première semaine parce que...la liste est trèèèèèèès longue, vite cachons la pour qu'il puisse avoir au moins 3 jours de vacances sur les 15- Contrairement à Lorina, il a un besoin physique de se défouler alors, je deviens sa plus fidèle spectatrice et la plus gentille des mamans si je le regarde pour un temps illimité taper dans un ballon dehors... -Assez loin de mon objectif de galerie d'Art donc-

Et puis, ils viennent de passer par une période de doutes, pas facile à gérer. Depuis plusieurs semaines, on ignorait notre futur sort pour la rentrée prochaine. JB avait décidé de quitter son poste actuel pour partir ailleurs, l'ambiance était devenue trop pesante. Soit il réagissait soit il sombrait (-enfin, c'est comme ça que j'imaginais l'issue à venir-). Alors, chaque jour les mêmes questions, teintées d'appréhension fusaient chez les enfants: "On reste ici l'année prochaine? On rentre à Paris? On part ailleurs? Où? " Le principal intéressé répondait de façon trop vague pour les satisfaire. De mon côté, je les rassurais comme je pouvais, ne pouvant pas non plus leur apporter plus d'éléments.

Il a fallu les inscrire au collège sans savoir...tout en se posant la question si ailleurs, ce ne serait pas trop tard pour les inscrire...puisque les inscriptions sont en ce moment.

De mon côté, un jour, je m'imaginais reprendre nos habitudes parisiennes en essayant d'en souligner tous les aspects positifs. Un autre jour, je me documentais sur Séoul en Corée du Sud, là où JB met en place un projet en ce moment-même puis encore un autre jour, je me questionnais sur comment pouvait être la vie aux Emirats Arabes Unis quand on n'y est pas touristes mais expatriés...Il y a eu aussi l'évocation du Japon...où, même si nous gardons un fort attachement pour ce pays et sa culture, non, je ne m'y revoyais pas y vivre pour des tas de raisons.

Les enfants, de leur côté, sont à un âge où les repères comptent plus que tout! Entre Londres et Paris, leur coeur balance (Le Japon est classé dans les souvenirs de leur petite enfance) mais évoquer un nouveau départ vers une destination inconnue ne semblait pas les tenter et même, certains jours, les faisait pleurer.

L'expatriation va de pair avec une adaptation quel que soit le nombre d'expériences vécues, il n'y a jamais une routine qui s'installe. C'est une perte de repères à chaque fois qui demande des efforts d'intégration chez les adultes comme chez les enfants. Derrière ce mode de vie qui parait privilégié, il y a des questions, des doutes, des larmes, des séparations. Quand on est enfant, c'est bien sûr une richesse de pouvoir voyager mais cela ne va pas sans appréhension suscitée par tous ces changements.

Donc depuis la semaine dernière, nous savons.

JB, en déplacement sur Paris, est allé annoncer qu'il quittait son poste, situé dans la campagne anglaise (1H30 le trajet soit 3h par jour, seul français avec toutes les barrières culturelles que cela implique, il mérite une médaille d'avoir tenu tout ce temps...) Il se trouve qu'en ce moment, aucun poste n'est dispo pour lui à Paris par contre, il a obtenu un poste dans le centre de Londres! C'est un soulagement et une grande joie pour nous tous. La durée envisagée est d'un an...Profitons de l'instant présent...

Le jour de l'annonce, voilà, la réaction des enfants:

" Je vais vous passer papa au téléphone, il sait ce qu'on fera l'année scolaire prochaine..."

 Le suspens est à son comble teinté d'espoir et de doutes...

Puis la nouvelle réalité éclate:

"On reste un an de plus à Londres!!!!!!!!"

Et les voilà soulagés, on dirait...

 Toutes ces émotions valent bien des vacances bien méritées! En plus, comme j'ai écrit cet article en deux fois, d'autres bonnes nouvelles se sont greffées. J'ai trouvé un stage de foot à Mathis pour la semaine, composé de français puisque les anglais sont à l'école. Voilà pourquoi j'aime Londres, cette ville où tout est possible...Une copine de Lorina ne part pas en vacances cette semaine donc un jour elle est invitée, un jour, elle vient chez nous. Tout le monde est ravi!

Mais...et mes Tournesols de Van Gogh alors, exposés jusqu'au 27 avril, aurai-je une occasion de les voir ? J'en doute...